Publié le 09/11/2009 à 15:02 par snapapfemme
ou la révolte de Redeyef et sa répression racontées par des femmes
Titre Original : « Leila Khaled, la Tunisienne »
Film réalisé par le Comité National de Soutien à la Population du Bassin Minier (34mn)
Diffusé avec le soutien de :
AMNESTY INTERNATIONAL France – FIDH-OMCT – FTCR - REMDH – CRLDHT (*)
Version française : Omeyya SEDDIK –traduction)- Iyed DAHMANI-FTCR ( sous-titrage)
Depuis le début de la révolte du bassin minier de Gafsa, les femmes y tiennent un rôle de première importance. Elles ont été à l’origine des principales grandes manifestations de masse suite aux premières arrestations. Elles ont conduit des initiatives de résistance de plusieurs formes (occupations, sit-in, manifestations, rassemblements…) et elles ont été celles qui ont assuré, au quotidien, l’extraordinaire cohésion et la grande solidarité dans la population et au sein des familles permettant au mouvement de se développer et de tenir, malgré tout.
Depuis la grande répression et l’emprisonnement de dizaines d’animateurs du mouvement, ce sont toujours elles qui se battent pour la libération des prisonniers tout en assurant à Redeyef la vie de tous les jours. Aujourd’hui, elles assument le rôle de porte-paroles de leurs maris, frères et fils emprisonnés, mais aussi des populations réduites au silence dans leur localité comme dans toute la région.
Le film « Redeyef : le combat de la dignité » (34’) retrace l’histoire de ces deux dernières années à travers les mots de quelques-unes d’entre elles. Il leur est bien sûr dédié ainsi qu’à toutes celles qui n’ont pu être filmées. Il espère donner le plus grand écho à leur revendication la plus urgente : Libération immédiate de tous les prisonniers du mouvement du bassin minier.
Ce film a été réalisé par le Comité National de Soutien aux Habitants du Bassin minier grâce à de nombreuses solidarités à l’intérieur et à l’extérieur de la Tunisie.
Point de la situation à Redeyef et dans le bassin minier de Gafsa
Dans le sud-ouest de la Tunisie se trouve le gouvernorat de Gafsa (env. 350 000 hab.) du nom de la ville du même nom. La région, semi-désertique et montagneuse, vit principalement de l'industrie minière et des transferts financiers de ses ressortissants émigrés, enfin de production arboricole et d'élevage.
A l'ouest de la région de Gafsa se trouve le bassin minier du phosphate, frontalier de l'Algérie. Omm Laarayes (Moulares), Redeyef, Metlaoui et El-Mdhilla sont des villes qui vivent sous l'empire de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (ex Compagnie des phosphates et des chemins de fer de Gafsa) depuis sa création en 1897 sous le protectorat français. Cette compagnie, parmi les plus importantes et les plus riches entreprises coloniales, nationalisée suite à l'accession de la Tunisie à l'indépendance (1956), exploite depuis plus d'un siècle l'un des plus importants gisements mondiaux de phosphate.
La région produit la principale richesse exportée par la Tunisie. Elle continue d'être l'une des régions les plus pauvres du pays et connaît un degré important de pollution des sols et des ressources hydrauliques due à l'exploitation minière. Elle présente un taux très élevé de chômage (plus du double de la moyenne nationale) en raison de l'extrême faiblesse de l'investissement local et de la restructuration de la production minière qui a très fortement réduit le nombre d'employés de la Compagnie et multiplié les formes d'emploi précaires et sous-payés.
En janvier 2008 une révolte secoue la région. Partie d’une protestation contre la corruption et contre une politique de l’emploi injuste, elle s’est renforcée en acquérant un consensus populaire très large. Cette révolte est devenue le mouvement social le plus durable, le plus fort —bien que circonscrit à la région—, et le plus mûr quant à ses revendications et ses formes de lutte qu’ait connu l’histoire récente de la Tunisie ; la ville de Redeyef en a été le centre. Y a été posée la question de l’emploi, celle de la répartition sociale et géographique des richesses, de la cherté de la vie, de la corruption, de l’exploitation des matières premières et de l’environnement.
Le pouvoir y a répondu par une répression sauvage qui a fait plusieurs morts, des dizaines de détenus d’opinion, des familles brutalisées et humiliées par un appareil policier implacable, accompagnée parfois du saccage de leurs biens en représailles…
L’escalade de la violence d’Etat s’est manifestée par l’utilisation de balles réelles contre les protestataires, par la multiplication des enlèvements de jeunes ainsi que par des ratissages militaires des montagnes environnantes afin de retrouver les fugitifs. Enfin, les autorités ont décidé d'arrêter les figures représentant le mouvement pour la ville de Redeyef. Ils ont été accusé de délits et crimes extrêmement graves et condamnés à des peines allant jusqu’à huit ans fermes à l’issue de mascarades judiciaire dénoncées par tous les observateurs, juristes et organisations de défense des droits humains.
Aujourd’hui, les syndicalistes, les chômeurs, les enseignants et étudiants emprisonnés sont toujours soumis à des conditions de détention inhumaines et sont dispersés dans toutes les prisons du pays. La ville de Redeyef est toujours soumise à un isolement et à un quadrillage policier impressionnant. Elle est en même temps punie par un ostracisme et un délaissement de la part des pouvoirs publics concernant notamment le développement des infrastructures et des services sociaux et de santé. A l’aube du 23 septembre dernier, des pluies torrentielles, particulièrement dévastatrices à Redeyef, ont causé l’écroulement de dizaines de maisons et la mort de vingt-et-une personnes selon les chiffres officiels. De nombreux syndicalistes et acteurs de la société civile font campagne pendant ce temps, aux côtés des familles, pour la libération des prisonniers.
Solidarité avec les populations du Redeyef et du bassin minier
Libération immédiate de tous les prisonniers
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives –FTCR
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’homme en Tunisie- CRLDHT
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