Cela fait sept mois qu’un vent de révolte secoue le Moyen‑Orient et le Maghreb. Sept mois depuis le début de la révolution tunisienne qui a abouti à la chute de Ben Ali et à une réaction en chaîne dans tous les autres pays de la région dirigés par des régimes autoritaires. Aujourd’hui, un nouveau paysage politique s’esquisse même si on n’en voit encore que les prémices.
En Tunisie, premier pays touché par la vague de protestation populaire, le dictateur est tombé. L’élection d’une assemblée constituante est prévue le 23 octobre prochain. Certes, des tensions persistent dans le pays, et beaucoup craignent la montée en puissance des partis islamistes, mais le changement est là.
La situation est quasi similaire en Égypte. Hosni Moubarak a dû démissionner le 11 février après plusieurs semaines de manifestations monstres place Tahrir au Caire et dans d’autres villes du pays. L’armée assure la transition, à travers le conseil suprême des forces armées, contesté par une partie de la population qui considèrent que les réformes politiques avancent trop lentement. Mais là encore, les changements sont réels. Les anciens du régime, à leur tête le président Moubarak et ses enfants, ont été arrêtés et seront bientôt jugés lors de procès publics.
En Libye et en Syrie, la situation est plus compliquée. Mais dans ces deux pays, les régimes sont malmenés par les révoltes populaires. A Tripoli, Kadhafi et les troupes qui lui sont fidèles, continuent de résister aux assauts de la rébellion menée par le Conseil national de transition (CNT) avec l’appui d’une coalition internationale. Même si le CNT vient de perdre son chef militaire, avec la mort d’Abdelfatah Younes, les combats se poursuivent.
Et en Syrie, le président Bachar el Assad fait face depuis le 15 mars à un mouvement de contestation, qu’il réprime dans le sang. Selon des ONG, cette répression aurait déjà fait plus de 2000 morts en cinq mois. Mais dans les deux cas, la position adoptée par la communauté internationale contre les deux régimes en place, laisse peu de doutes quant à la chute inexorable des deux tyrans. Le Yémen et Bahreïn connaissent également des mouvements de protestation qui ont tourné à l’affrontement entre les forces gouvernementales et les manifestants.
Au Maroc, la protestation a pris une forme beaucoup moins violente. Les manifestations qui ont eu lieu dans le pays ont poussé Mohammed VI à lancer des réformes. Dans son discours du trône prononcé le 30 juillet, il a annoncé que des élections législatives auront lieu très rapidement pour qu’un premier ministre issu du parti vainqueur soit désigné. La Constitution a également été révisée vers plus de démocratie et adoptée par référendum le 1er juillet dernier, même si une partie de l’opposition s’estime déçue par son contenu.
Reste l’Algérie. Comme ses voisins, le pays a connu au début de l’année une vague de protestations qui s’est déclinée en une multitude de petits mouvements dispersés, essentiellement portés par les syndicats autonomes et affichant des revendications salariales, mais aussi politiques. Mais ces dernières semaines, la tension est un peu retombée. Sur le plan politique, le pouvoir prend son temps pour amorcer les réformes qu’il a promises le 15 avril par la voix du président de la République. Sur certains points, on assiste même à un recul. C’est notamment le cas de l’ouverture des médias publics à l’opposition.
Sur le plan politique, la commission Bensalah a achevé ses consultations à la fin du mois de juin. Depuis, c’est le calme plat. Aucun bilan officiel n’a été communiqué sur ce mois de consultations. Des réformes importantes devraient être votées à la rentrée par l’APN, comme la loi électorale et la loi sur les partis politiques, dans l’optique des élections législatives de 2012. Mais le vent du changement radical n’a pas soufflé sur l’Algérie.
Même les visiteurs étrangers venus dans le pays ces dernières semaines, ont visiblement reçu le même message. Ainsi, le quotidien français, Le Canard enchaîné, rapporte dans son édition du 13 juillet les propos qu’aurait tenu le président français Nicolas Sarkozy lors d’un récent conseil des ministres : « Je suis très satisfait du résultat du référendum au Maroc (du 1er juillet). Plus de 72 % de taux de participation et 94 % de oui. A la lumière de cela, je suis triste pour l'Algérie ».
Selon nos sources enfin, le premier ministre Ahmed Ouyahia aurait récemment confié à un visiteur français que l'objectif principal du pouvoir algérien était d'aboutir l'année prochaine à une Assemblée « plus représentative ». Il n'a pas détaillé ce qu'il entendait par là. Mais ses interlocuteurs ont compris qu’il évoquait un rééquilibrage au sein de l'alliance présidentielle et une ouverture de l'APN à d'autres partis. En d’autres termes, on est loin d’un vrai changement et d’une volonté de réformer l’ensemble du système politique dans le sens d’une plus grande démocratie, comme l’a promis le pouvoir.
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