Très attendues, les assises de la compagnie Air Algérie se tiendront (les 22-23 octobre) sur fond de contestation du récent accord salarial par les représentants des travailleurs, mais également de division dans les rangs de ces derniers…
Initiées par la direction générale, les assises d’Air Algérie, prévues les 22 et 23 octobre, regrouperont l’ensemble des cadres dirigeants de la compagnie ainsi que ses représentants à l’étranger pour faire «le bilan des dernières années, étudier et prendre en charge les attentes de la clientèle et définir les perspectives devant permettre le développement de l’entreprise.
Des ateliers devront traiter des questions les plus urgentes, comme la ponctualité, la qualité de service et le développement du trafic de transit». Un ordre du jour qui risque d’être chamboulé par les impératifs de l’heure liés surtout aux revendications socioprofessionnelles du personnel, d’autant que l’accord salarial achevé la semaine écoulée n’a pas suscité de consensus parmi les représentants des travailleurs.
L’accord prévoit une augmentation salariale de 20%, avec effet rétroactif à compter de juillet 2011. Parallèlement à ces réajustements, il est convenu «d’engager des actions pour la hiérarchisation des métiers et des salaires» mais aussi de rappeler aux travailleurs qu’«aucune contrainte de calendrier ne peut s’exercer sur le chapitre salarial après l’accord». Ces augmentations sont vite dénoncées par le bureau du syndicat national de l’entreprise (affilié à l’UGTA), «avec la plus grande vigueur», en les qualifiant «d’iniques et véhiculant des arrière-pensées». Le syndicat a mis en garde «contre les retombées d’un tel accord sur les bas salaires» en s’insurgeant contre ce qu’il a appelé une «répartition inéquitable du budget alloué suscitant des conséquences désastreuses sur la compagnie surtout en cette période de campagne de pèlerinage». Sans être totalement opposé, le SNPNC (Syndicat (autonome) national du personnel navigant commercial) a contesté «certains articles» de l’accord en regrettant que ce dernier «n’ait pas pris en compte les acquis obtenus lors des différents rounds de négociations avec l’employeur» durant l’été dernier, après les deux grèves qui ont paralysé la compagnie.
Des réactions qui tranchent totalement avec celle de douze sections syndicales affiliées à l’UGTA, des pilotes, du technique spécifique, du technique support, du fret, des œuvres sociales, du DIT Kouba, de la DOS, du personnel navigant commercial, du catering, du DOA sol, du DRCA et du siège, ont exprimé jeudi dernier leur «pleine adhésion à la stratégie de redressement et de redéploiement désormais assignée au pavillon national, en parallèle avec le règlement des problèmes socioprofessionnels des travailleurs».
Selon ces sections, le pavillon national «s’améliore de jour en jour grâce à l’adhésion de tous les travailleurs aux nouveaux objectifs de redressement et de redéploiement assignés ; la campagne hadj sera aussi bien réussie, tout comme celle de la omra de l’été dernier, à la satisfaction de notre clientèle, notamment de nos compatriotes émigrés». Dans leur communiqué, elles ont dénoncé la réaction du syndicat d’entreprise en déclarant : «Comment peut-il dénoncer une augmentation de 20% sur le salaire de base à tous les travailleurs de la compagnie, alors qu’il avait jugé historique l’accord de septembre 2010, qui avait institué une prime de 1400 DA à l’écrasante majorité des travailleurs et une autre astronomique pour d’autres ?»
Ces mêmes sections, faut-il le rappeler, avaient, au mois de mai dernier, exigé la tenue des assises pour débattre de «la dégradation du climat au sein de la compagnie et des graves problèmes liés à la représentativité de certains syndicats». Elles avaient appelé à une assemblée générale dans l’enceinte de l’aéroport d’Alger, mais faute d’autorisation, elles se sont contentées d’une déclaration à travers laquelle elles ont appelé «à l’ouverture d’un débat avec l’employeur sur les dossiers qui engagent l’avenir de la compagnie, et de ce fait, des travailleurs». Force est de constater que les prochaines assises d’Air Algérie seront plus houleuses que celles qui ont eu lieu en 2008.
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